Serge Quadruppani

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La démission de Montalbano

Un recueil de nouvelles d’Andrea Camilleri

jeudi 12 janvier 2006, par Serge Quadruppani

La nouvelle qui donne son titre peut être considéré comme un manifeste de l’attitude d’Andrea Camilleri

Dans la nouvelle qui donne son titre au recueil, on voit le commissaire Montalbano assister à l’enlèvement d’une jeune fille par deux voyous, s’approcher de la maison où les kidnappeurs détiennent leur proie et découvrir que les deux sont en train de découper et de faire cuire la fille. Alors, il retourne à sa voiture, sort un bidon d’essence et s’approche pour brûler vif les deux psychopathes... Mais il s’arrête net, se précipite dans une cabine téléphonique et appelle Andrea Camilleri pour lui dire : moi, cette histoire ne me plaît pas, je sais qu’on t’a reproché d’écrire des histoires trop gentilles, mais non, ce genre d’histoire de serial killer, c’est pas pour moi, je donne ma démission. « Mais comment veux-tu qu’on la termine, l’histoire ? » demande alors l’auteur. « Comme ça », dit Montalbano et il raccroche.

Ce récit peut être perçu comme un manifeste d’Andrea Camilleri qui s’obstine à produire des nouvelles dans l’esprit qui avait déjà fait nos délices pour Un mois avec Montalbano : nous retrouvons le petit monde de Vigàta, le commissariat et son inénarrable Catarella, et le fidèle Fazio et Augello, l’éternel adjoint-concurrent. Et notre commissaire mène toujours ses enquêtes avec la même désinvolture à l’égard de la loi : dans le premier récit, on le voit bavarder amicalement avec un vieux cambrioleur et lui reprocher de ne pas s’en être pris à un infâme usurier (« j’aurais fait le guet », assure-t-il) mais grâce au casseur, il va découvrir l’étrange comportement d’un couple de vieux comédiens qui répète chaque jour leur mort... Dans un autre, il va résoudre l’énigme posée par le meurtre d’une vieille prostituée de soixante ans, mais il devra pour cela se disputer avec Livia et arrêter un proviseur de lycée...

Dans la dernière nouvelle du livre (celle qui lui donne son titre en italien), c’est la veille du jour de l’an, Montalbano s’est encore disputé avec Livia : pour qu’il ne réveillonne pas seul, tous ses amis, le vieux proviseur, la dame en chaise roulante, ses collègues lui proposent de se joindre à eux, mais il décline pour à la fin, céder à l’invite d’Adelina, sa bonne, qui va faire chez elle, avec ses deux fils délinquants, les arancini, c’est-à-dire les boulettes (dont la succulente recette est détaillée). Mais pour pouvoir les déguster, il va devoir se démener et magouiller énormément afin de tirer d’un mauvais pas l’un des fils accusé faussement (pour une fois) d’un cambriolage.

Entre temps : l’assassinat d’un cul-de-jatte aveugle qui vivait dans les faubourgs de Vigàta fait découvrir qu’une association pieuse, Amour et Fraternité, sert de couverture à un trafic de drogue ; grâce à l’aide d’Ingrid, la Suédoise, il démasquera un fils indigne qui a tué son père et la deuxième femme de ce dernier qui était aussi sa maîtresse ; par courrier, Montalbano résoudra à distance une affaire qui a eu lieu à Gênes mais dans laquelle est impliquée une amie de Livia ; il rencontrera un juge à la retraite devenu fou qui se promène sur la plage devant chez Montalbano avant de rentrer chez lui pour revoir tous les dossiers qu’il a eus à juger et dans lesquels il cherche la faille (il se tuera quand il l’aura trouvée)...


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