Serge Quadruppani

Accueil du site > Interventions directes > Les années 70 en Italie

Les années 70 en Italie

Deuxième partie (1976-1980)

lundi 21 juin 2004


1976

JANVIER

 Le 18, arrestation de Renato Curcio et de Nadia Mantovani. Avril
 Le 7, à Rome, lors d’une manifestation contre la condamnation de Giovanni Marini, des militants de la gauche extra-parlementaire tentent un assaut contre le ministère de la Justice, au cours duquel un maton tue à coups de pistolets l’étudiant Mario Salvi.
 Le 27, à Milan, un commando néofasciste poignarde à mort le jeune de gauche Gaetano Amoruso. Le 29, à Milan toujours, le conseiller communal du MSI Enrico Pedenovi est tué par un commando de Prima Linea.

MAI

 Le18, durant une de ses réunions électorales à Sezze(province de Latina) contestée par des jeunes de gauche, le député du MSI Sandro Saccuci tue à coups de feu Gabriele De Rosa, 19 ans, militant des jeunesses communistes. Juin
 Le 8, Francesco Coco, procureur général de la République est tué avec les carabiniers de son escorte dans un guet-apens tendu par les BR de Gênes. Le « terrorisme rouge » hausse le tir : à partir de 1976, il y aura bien 115 tués par les organisations de lutte armée et plus de 2000 attentats d’intensité variée. 24 militants de la lutte armée seront tués par la police.

JUILLET

 1-4 : « VIe festival du jeune prolétariat », au parc Lambro, à Milan. La fête, organisée par a revue underground Re Nudo, est soutenue par un vaste éventail d’organisations de gauche qui va du MLS (Mouvement des travailleurs pour le socialisme - trotskiste) aux autonomes de Rosso. Si, par rapport aux fêtes précédentes, le succès de public est énorme (60 000 visiteurs), le chaos qui y règne montre que le temps des « Woodstock-spaghetti » est à jamais terminé. Les chanteurs de la tendance alternative « CRAMPS-Ultima Spiaggia » sont lourdement contestés, les stands de ravitaillement sont pillés et dévastés par les « groupes des nus », les drogues dures vendues et consommées librement entre les tentes, les raids d’« expropriations prolétariennes » à l’extérieur incessants.
 Le 10, Vittorio Occorsio, procureur de la République, qui s’occupe d’une instruction sur l’extrême-droite, est tué à Rome par un commando des NAR (organisation de lutte armée fasciste).

OCTOBRE

Les sacrifices demandés à la classe ouvrière et déjà annoncés dans le programme de gouvernement ne se sont pas fait attendre : le 8, augmentation des tarifs, abolition de sept jours fériés, gel d’une partie de l’indexation sous forme de titres d’Etat. Grèves semi-spontanées dans beaucoup d’usines du nord.

NOVEMBRE

 Le premier samedi du mois est marqué par l’apparition dans les rues de Milan des Cercles de jeunes prolétaires du centre, en partie liés à l’autonomie et en partie au MLS. 3000 jeunes autoréduisent les prix des billets de cinéma en exclusivité et lisent dans les principales salles un communiqué contre la « culture des élites » et « le cinéma pornographique », etc. Dans les semaines qui suivent, l’initiative s’étend en impliquant les collectifs de banlieue et provoquant la marginalisation progressive des cercles liés au MLS. Durant tout l’automne, les collectifs et les Cercles de jeunes prolétaires connaîtront une extension progressive avec l’afflux de nombreux ex-militants de la nouvelle gauche en pleine crise du militantisme, aussi bien que de très jeunes prolétaires et sous-prolétaires sans aucune expérience politique. Ce mouvement occupe des usines ou entrepôts abandonnés qui seront transformés en « oratoires de gauche » (cours de danse-théâtre-guitare, fêtes, cinéforum, etc.), lancent des initiatives contre la vente et l’usage des drogues dures, exécute des raids contre les « repaires du travail au noir ». Le mouvement, qui avance une bonne part de la thématique de celui de 1977, restera limité à Milan et à son « hinterland » (sa lointaine banlieue), où est publié le petit journal La tribù delles talpe (« la tribu des taupes »), avec quelques appendices significatifs à Turin.

DÉCEMBRE

 Le 7, à Milan, comme à chaque Saint Ambroise, début de la saison de la Scala. Les cercles de jeunes prolétaires tentent d’empêcher la première par la force. Tout le centre est fermé par un cordon sanitaire de policiers et de carabiniers. Les affrontements sont très durs, mais c’est une vraie débâcle pour les cercles, qui n’arrivent pas à empêcher le spectacle. Beaucoup de jeunes inexpérimentés subissent la répression policière. 30 arrestations et 250 interpellations.
 Le 15, le brigadiste Walter Alasia est tué devant chez lui par les agents de l’antiterrorisme lors d’un échange de coups de feu. Dans la fusillade sont également tués le vice-questeur (adjoint au chef de la police) Vittorio Padovani et le brigadier Sergio Bezzega.

1977

FÉVRER

 Le 2, à Rome, à la fin d’un cortège universitaire protestant contre la « circulaire Malfatti », échange de coups de feu entre les agents de police en civil et des groupes d’autonomes. Un agent et deux étudiants (Paolo Tommassini et Leonardo « Daddo » Fortuna) sont gravement blessés. Ces deux derniers, interpellés avec un pistolet sur eux seraont accusés de tentative d’homicide.
 Le 17, à Rome se consume la rupture entre le mouvement étudiant et syndical. La réunion du secrétaire de la CGIL L. Lama, à l’intérieur de l’université La Sapienza est durement contestée par le mouvement universitaire. Les « indiens métropolitains » crient « Plus d’horaire, moins de salaire », « les Lama sont au Tibet ». Après de violents incidents entre le service d’ordre du syndicat et les étudiants du mouvement, Lama doit s’interrompre et quitter en hâte l’université. Ce n’est qu’en soirée que l’université occupée est reconquise manu militari par la police.

MARS

 Le 3, à Rome, Fabrizio Panzieri, militant d’Avnguardia Communista, est condamné à neuf ans de réclusion pour « concours moral » au meurtre de Mikis Mantakas, alors qu’Alvaro Locajano est relaxé. Déclenchés devant le palais de justice, les bagarres entre militants d’extrême-gauche et policiers s’étendent à tout le centre-ville. Le lendemain, nouveaux affrontements entre autonomes et policiers dans le quartier populaire de San Lorenzo : deux blessés par arme à feu chez les carabiniers.
 Le 6, à Milan, au Théâtre Lyrique, assemblée « autoconvoquée » où dominent des secteurs de gauche de la CISL auxquels se sont joints les groupes d’extrême-gauche, Democrazia Proletaria (DP) et des collectifs d’usine autnomes. L’asssemblée se prononce contre la « réduction des coûts du travail ». L’initiative aura une suite avec la tentative de regrouper la dite Opposition ouvrière qui bientôt avortera avec un progressif réalignement de la « gauche syndicale » de la CISL de Milan.
 Le 11, à l’université de Bologne, après une rixe entre militants d’extrême-gauche et de LC, les forces de l’ordre interviennent, frappant à mort Francesco Lo Russo, 25 ans, militant de LC. La réaction du mouvement est immédiate et virulente. Le même jour, autour de l’université des Due Torre se dressent des barricades, l’université devient zone libérée, la gare est occupée, des centaines de cocktails Molotov sont lancés contre la police. Pour étouffer la révolte, plus de mille carabiniers sont envoyés dans les rues et les blindés apparaissent. 130 arrestations.
 Le 12, à Rome, la manifestation nationale des étudiants prévue avant ces événements, et qui rassemble des dizaines de milliers de jeunes, se transforme en journée de guérilla urbaine sans précédent dans l’histoire de la République. Pour la première fois, l’usage des armes à feu par les manifestants est massif, sont attaquées, entre autre, une armurerie, le siège du journal démocrate-chrétien Il Popolo, une caserne de carabiniers et un commissariat de police. Le même jour, à Milan, un cortège de l’autonomie tente d’abord de marcher sur la préfecture fusil à la main, puis se « contente » de tirer contre le siège de l’Assolombarda. A Bologne, l’émetteur de la radio de l’autonomie Radio Alice est fermé. Pour Rosso, une frontière de la lutte des classes a été, ces derniers jours, définitivement franchie : « Les journées de février et mars ont été notre Livourne (en référence au congrès de fondation du PCI ) : le moment de fondation, sans concéder de délégations à aucun intellectuel extérieur, de notre parti, prolétaire et communiste (...) L’autonomie ouvrière est une force productive et une force combattante. Nous acceptons le terrain de la guerre civile que l’adversaire nous impose. Sans hystérie, sans délires. Nous savons combien ce terrain est dur. (...) »

AVRIL

 Le 21, à Rome, une manifestation étudiante dans l’après-midi est suivie d’affrontements violents avec la police dans le quartier populaire de San Lorenzo. Lors des échanges de coups de feu, l’agent Settimio Passamonti, 23 ans, est tué. Sur le pavé où son cadavre a été ramassé, reste une inscription à la bombe « Ici, il y avait un carruba (carabinier en argot - NDT), le camarade Lorusso a été vengé ». A la suite de ces événements, le ministre de l’Intérieur Francesco Cossiga interdit toute espèce de manifestations publiques dans la capitale jusqu’à la fin mai. Dans une intervention à la chambre, il affirme « On ne permettra plus que les fils des paysans du sud soient tués par les fils de la bourgeoisie romaine. »

MAI

 Le 3, renvoi à une date indéterminée du procès du noyau historique des BR de Turin, en raison de la défection des jurés populaires.
 Le 12, la police tente d’empêcher une fête organisée par le Parti radical pour célébrer l’anniversaire du référendum qui a légalisé le divorce. Au cours des affrontements, la police tue Giorgiana Masi, 19 ans, sympathisante du PR. Lors du débat parlementaire qui suit, les députés PR et DP démontrent que la police a utilisé des équipes spéciales en civil qui avaient ample licence d’utiliser des armes à feu.
 Le 14, à Milan, en marge d’une manifestation du mouvement, un fort parti d’autonomes tente de s’ouvrir un chemin, armes au poing, jusqu’à la prison de San Vittore. Dans la fusillade meurt l’agent de police Antonio Custrà, 25 ans.

JUIN

 Le 1er, Vittorio Bruno, vice-directeur du Secolo XIX , le journal de Gênes, est « jambisé » par les BR de cette ville. Cet attentat ouvre une campagne des militants armés de gauche contre le monde du journalisme : le 2, c’est le tour d’Indro Montanelli (« grand journaliste » de centre-droit), le 3, du directeur du journal télévisé de RAI Uno, Emilio Rossi.

JUILLET

 Le 1er, le « nappiste » Antonio Lo Muscio est tué à Rome lors d’une fusillade avec les carabiniers.
 Le 8, quelques intellectuels français, dont J.-P. Sartre, M. Foucault, R. Barthes, F. Guattari, signent un appel contre la répression du « mouvement ». A la suite de cet appel, durant l’été, prend corps dans les pages de Lotta Continua l’idée d’un Rassemblement international contre la répression, qui se tiendrait en septembre, dans la ville-symbole de la social-démocratisation du PCI, Bologne.

AOÛT

 Le 4, Attilio Di Napoli et Aldo Marin Pinones, militants d’Azione Revoluzionaria, organisation anarchiste, meurent déchiquetés en plaçant une bombe dans le coffre d’une auto.

SEPTEMBRE

 Le 14, à Milan, graves incidents entre jeunes « autoréducteurs » et service d’ordre au concert du guittariste Carlos Santana. Pendant quelques années, l’Italie, et en particulier Milan, seront évités par les tournée de groupes de rock étrangers, par peur des incidents et des prix trop bas imposés par les autoréductions. Le 16, paraît sur Lotta Continua le célèbre « document des 11 » (les principaux signataires sont Raul Mordenti et Piero Bernocchi), par lequel une partie du « mouvement de 77 » prend ses distances avec la « politique militariste de l’autonomie » et souhaite un rapport de confrontation avec le mouvement ouvrier traditionnel. Democrazia Proletaria et la mouvance de Lotta Continua soutiennent l’initiative.
 Du 23 au 25, à Bologne, grand happening du mouvement de 77. Le nombre de jeunes présents est estimé à 60 000, tandis que 6000 policiers les surveillent. Pendant trois jours, les rues de la ville sont envahies par les multiples types de personnages - parfois superposés - ayant incarné le mouvement depuis 68. Le rendez-vous politique du Rassemblement par excellence, l’assemblée de Palasport, est déserté par le plus grand nombre et se réduit à des affrontements entre le MLS et l’Autonomie et à un tohu-bohu total, tandis que l’aspect le plus significatif en est les débats spontanés et l’âpre confrontation aux militants du PCI, qui se déroulent dans les rues de la ville.
 Le 30, à Rome, Walter Rosi, 20 ans, militant de LC est tué à coups de pistolet par une expédition néo-fasciste partie de la section MSI de la Balduina (quartier nord, moyen-bourgeois).
 Le 31, à Turin, au cours de la manifestation de protestation contre le énième assassinat fasciste, le bar Angelo Azzurro, considéré par le mouvement comme un repaire de fascistes, est incendié. L’étudiant-travailleur Roberto Cescenzio, 22 ans, y meurt, resté prisonnier des flammes.

NOVEMBRE

 Le 16, à Turin, Carlo Casalegno, vice-directeur de la Stampa, est assassiné par les BR.
 Le 29, à Bari, Bari Benedetto Petrone, militant des jeunesses communistes, 19 ans, est tué durant une bagarre avec les fascistes locaux.

DÉCEMBRE

Grande manifestation syndicale à Rome, à laquelle participent 200000 de métallurgistes. La bureaucratie des trois confédérations agite l’exigence d’un « virage politique » non précisé. Une fois encore, la combativité et le malaise ouvrier sont encore une fois évacués dans un inutile défilé.

1978

JANVIER

 Durant les six premières semaines de l’année, le « terrorisme rouge » exécute une série de meurtres sans précédents :
 Le 4, assassinat de Carmine de Rosa, surveillant de la FIAT de Cassino (province de Florence), le 20 février, à Florence, l’agent de police Stefano Dionisi est tué, le 7 février, c’est le tour du notaire Gianfrano Spicchi et une semaine plus tard, du Conseiller à la cour de cassation Riccardo Palma.
 Le 7 janvier, deux militants des jeunesses communistes, Stefano Bigonzetti et Francesco Ciavatta, 19 et 20 ans, sont tués. Le soir-même, un autre militant des FdG, Stefano Recchioni, meurt durant des affrontements avec la police.
 Le 24, dans une interview à la Reppublica, Luciano Lama déclare que son syndicat s’est trompé en considérant le salaire comme une variable indépendante et propose que les confédérations proposent « aux travailleurs une politique de sacrifices. Des sacrifices non pas marginaux, mais substantiels. » Il soutient en outre que les licenciements, en certains cas, peuvent être nécessaires pour relancer l’entreprise.

FÉVRIER

 Le 7, Andreotti constitue un nouveau gouvernement dans lequel le PCI, pour la première fois depuis 1947, fait partie de la majorité.
 Le 14, à Rome, les Br tuent le juge Palma.
 Le soir du 26, à Milan, le service d’ordre du MLS tue à coups de clé anglaise le peintre communiste-libertaire Fausto Pagliano.

MARS

 Le 16, à Rome, via Fani, le président de la Démocratie-chrétienne, Aldo Moro, est enlevé, et son escorte anéantie par un commando des BR. Au Parlement, où l’on discute le programme du nouveau gouvernement, est aussitôt votée la confiance. Les syndicats proclament une grève générale.
 Durant les 55 jours que dure l’enlèvement de Moro viendront à la lumière toutes les contradictions de la politique italienne. Si, d’un côté, le PCI, le MSI et le PRI (parti républicain, centre-droit), en particulier, se tiendront à la ligne de la fermeté interdisant tous rapports avec les « terroristes », de l’autre, le PSI et une partie de la DC soutiendront les négociations comme le fera du reste la naissante DP (Democratie prolétarienne) qui lance le slogan « ni avec l’Etat ni avec les BR ». Les négociations seront tentées avec la médiation des dirigeants de l’autonomie, hostiles à une conclusion mortifère de l’affaire. Le journal des Volsci (l’autonomie ouvrière romaine, du nom de la rue où se trouve leur siège - NDT) écrit : « Si les BR exécutaient leur sentence, elles accentueraient énormément leur erreur de fond, à savoir baser uniquement leurs choix sur elles-mêmes, sans se mesurer aux expériences de lutte mûries par le mouvement de masse. Cette erreur serait poussée jusqu’au point de ce placer au-delà de toute dialectique, même âpre et dure entre révolutionnaires. » Les BR demandaient en échange de la vie de Moro la libération de 13 de leurs membres - véritable reconnaissance politique, tandis que le président de la DC adressait durant toute la période de sa détention des lettres à tout le monde politique, parfois non dépourvues d’obscures menaces et de subtiles allusions, provoquant de féroces polémiques qui devaient durer jusqu’à aujourd’hui. L’efficacité des forces de l’ordre dans les enquêtes sera aussi l’objet de polémiques et de nombreux observateurs doutèrent de leur volonté d’obtenir vraiment la libération de Moro.
 Le soir du 18, à Milan, deux jeunes habitués du Centre social Leoncavalo, Fauto Iannucci et Lorenzo « Iao » Tinelli sont assassinés. Leurs camarades suspecteront des truands liés à l’extrême-droite. L’affaire n’est toujours pas résolue aujourd’hui.

MAI

 Le 9, le corps de Moro est retrouvé dans le coffre d’une R5 rouge, à mi-chemin entre le siège de la DC et celui du PCI. Cossiga, ministre de l’Intérieur, démissionne.

JUIN

 Les 11 et 12, les propositions du PR pour l’abrogation de la loi Reale sur l’ordre public et sur le financement public des partis sont repoussées par référendum. La première n’a recueilli que 22,3% des voix, la seconde 43,6%. Aussi bien la DC que le PCI s’étaient déclarés hostiles à l’abrogation de ces lois.

AOÛT

 le 31, le gouvernement présente le « Plan Pandolfi », plan triennal qui prévoit le blocage des salaires réels, la limitation des dépenses publiques, la création de 600000 nouveaux emplois dans le Sud.

SEPTEMBRE-DÉCEMBRE

 Après la pause estivale, recommence le défilé des meurtres politiques. Le 24 septembre, à Rome, les NAR tuent un étudiant, à Turin, les BR éliminent un chef d’atelier de la Lancia. Le 10 octobre, les BR tuent Girolamo Tartaglione, directeur général des affaires pénales du ministère de la Justice et le 11, à Naples, Prima Linea tue Alfredo Paoletta, professeur d’anthropologie criminelle. Autres meurtres le 3 novembre à Rome, le 8 à Frosinone, le 27 à Rome. Le 15 décembre, le fantomatique groupe Guerriglia Comunista tue par erreur un garçon de ving ans, Enrico Donati.
 Le 29 septembre, les fascistes avaient tiré devant une secion du PCI de Rome, tuant le militant de gauche Ivo Zini.

1979

JANVIER

 Le 10, à Rome, Alberto Giaquinto, 17 ans, militant du MSI meurt dans un affrontement avec la police en participant à un assaut contre un local du PCI.
 Le 24, à Gênes, Guida Rossa, ouvrier de l’Italsider est exécuté par les BR qui l’accusent d’avoir dénoncé un de leur membre.
 Le 29, à Milan, Prima Linea tue le substitut du procureur Emilio Alessandrini.

MARS

 Multiplication des actions armées. Prima Linea tue le 9, à Turin, l’étudiant de dix-neuf ans Emanuele Iurilli, le 13, à Bergame, le carabinier Giuseppe Guerrieri. Les BR tuent le 27, à Cuneo, le patron Attilio Dutto et le 29, à Rome, le conseiller municipal de la DC Italo Schettini.

AVRIL

 Le 7 est la journée noire de l’Autonomie. Arrestation de ses principaux dirigeants (T. Negri, O. Scalzone, E. Vesce, A. Del Re, L. Ferrari Bravo, F. Piperno, etc.). La principale accusation du procureur Pietro Calogero, proche du PCI, contre les chefs autonomes est d’être la direction occulte du « terrorisme » de gauche en Italie. Negri serait carrément le porte-parole téléphonique des BR durant l’enlèvement de Moro. Les autonomes sont accusés d’insurrection armée contre les pouvoirs de l’Etat. A partir de là, le climat d’intimidation contre l’extrême-gauche devient chaque jour un peu plus pesant, et il y aura une nouvelle vague d’arrestions de dizaines d’autonomes, à Padoue, Rome et Milan le 21 décembre.

MAI

 Le 3, à Rome, les BR tentent de donner l’assaut au siège national de la DC, piazza Nicosia. Dans la fusillade, deux policiers tués.

OCTOBRE

 Une lettre de licenciement datée du 8 est adressée à 61 ouviers de FIAT accusés de violences. Tous militants de l’extrême-gauche (LC, DP, Lotta Continua, Autonomie), deux sont adhérents de la IVe Internationale. Le 16, assemblée syndicale contre les licenciements au Palais des Sports de Turin, en présence des trois secrétaires généraux. En tout cas, la réaction ouvrière aux licenciements est très faible.

NOVEMBRE
 Dans le numéro de Rinascita mis dans les kiosque le 9, Giorgio Amendola critique la FIAT et les syndicats « pour avoir toléré trop longtemps les indimidations et la dérision dans les usines ».
 Le 14, le gouvernement publie le « superdécret » antiterroriste. Il prévoit l’extension de la garde-à-vue à 48 heures, une aggravation des peines, tandis que sont consentis des avantages tels que réduction ou suppresion de peine à ceux qui se « repentent ».

1980

FÉVRIER

 Prima Linea tue Paolo Paoletti, dirigeant de l’ICMESA, le 2, à Monza (Milanais), et le 7, la même organisation liquide le repenti William Waccher.
 Le 12, Vittorio Bachelet est assassiné à Rome par les BR.
 Le 22, Valerio Verbano, militant de l’Autonomie, 19 ans, est assassiné par les néo-fascistes. Les tentatives répétées de descendre dans la rue pour protester sont étouffées par les violentes charges policières.

MARS

 Le 28, à Gênes, via Fracchia, les carabiniers font irruption dans un repaire des BR et tuent quatre brigadistes : Anna Maria Ludmann, Lorenzo Betassa, Piero Pianciarelli et Riccardo Durante.

MAI

 Le 28, à Milan, un commando de Prima Linea commandé par Maro Barbone tue Walter Tobagi, journaliste du Corriere della Sera.

AOÛT

 Le 2, une bombe explose à la gare de Bologne : 85 morts, 200 blessés. Dans un premier temps, les néo-fascistes Giusva Fioravanti et Francesca Fioravanti furent accusés du massacre mais à ce jour, les véritables auteurs n’ont toujours pas été identifiés.

SEPTEMBRE

 Le 4, à Turin, Cesare Annibaldi annonce que la FIAT a décidé de se débarrasser de 24 000 travailleurs (dont 2000 employés). Le 8, 74 000 travailleurs au chômage provisoire (Cassa Integrazione). Le 10, rupture des négociations : Annibaldi annonce le début des procédures de licenciement de 15 000 travailleurs. Dans les jours qui suivent, dans tous les établissements de FIAT et de ses filiales (Lingotto et Lancia de Chivasso sont particulièrement combatifs), s’étendent les grèves avec piquets, qui tendent à devenir grèves illimitées. Le 25, ont lieu la grève générale annoncée pour le Piémont et celle de tous les métallurgistes d’Italie. Le 26, Enrico Berlinguer, intervenant devant l’entrée de la FIAT, annonce qu’en cas d’occupation de l’usine, son parti soutiendra l’initiative. Dans les jours qui suivent s’intensifient les bagarres autour des piquets et les tentatives de la Fiat de faire intervenir des jaunes. Le 29, FIAT transforme les licenciempents de 22000 travailleurs en chômage provisoire (Cassa Integrazione).

OCTOBRE

 Le 14, 35e jour de lutte à la FIAT, est le jour de la « marche des quarante mille ». Les « petits chefs » emmenés en car de toute l’Italie et déversés sur le Corso Marconi marchent jusque sous La Molle pour demander de retourner à travailler. A l’adresse du maire PCI, ils crient : « Novelli, Novellli, fais ouvrir les portails ! ». Le lendemain, le syndicat accepte le projet d’accord pour le passage en Cassa Integrazione de 23 000 travailleurs et l’incitation à la retraite anticipée et au licenciement. Le comité d’usine (« grand conseil ») refuse l’accord, les syndicats nationaux le signent quand même. Dans les assemblées où l’on vote régulièrement, l’accord est rejeté.
 Le soir du 16, les secrétaires des trois grandes confédérations annoncent que l’accord doit « être considéré comme approuvé par la majorité des travailleurs ».
 Le 17, Bruno Trentin, (patron de la CGIL), interviewé par le Secolo XIX, affirme que « la grève illimitée a été la vraie erreur ».

DÉCEMBRE

 Le 12, à Rome, Giovanni d’Urso, directeur des prisons au ministère de la Justice est enlevé par les BR. Il sera libéré le 15 janvier 1981, après que le gouvernement aura accepté la fermeture de la prison de l’Asinara et que les communiqués des détenus politiques de Trani et de Palmi auront été diffusés par quelques médias. Le 15, le général des carabiniers Gavaligi, bras droit de Della Chiesa a pourtant été assassiné. Le 28, révolte des détenus politiques dans la superprison de Trani (province de Bari), en soutien à la campagne accompagnant l’enlèvement d’Urso. Le lendemain, la révolte est matée par la très brutale intervention des unités spéciales.

(*) C’est cette disposition que Berlusconi a voulu récemment remettre en cause, mettant trois millions de manifestants dans la rue (N.d.T.)


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette