Serge Quadruppani

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Appel pour une amnistie des révoltés de novembre

Un appel lancé mi-décembre, qui a déjà récolté plus de 1500 signatures

jeudi 12 janvier 2006


Durant les trois semaines de troubles du mois de novembre, les condamnations qui se sont abattues sur les révoltés des banlieues, ou présumés tels, ont été prononcées dans un climat de surenchère médiatique et politique. Beaucoup d’observateurs présents aux audiences, d’avocats et de journalistes ont noté la lourdeur des peines (3 mois ferme pour avoir montré ses fesses !) et l’identification hasardeuse des « coupables ». Des jeunes qui ont toujours vécu en France sont menacés d’expulsion. Les défauts habituels d’une justice à la chaîne on été ici gravement multipliés.

Au malaise que suscite cet emballement de la machine à punir, vient s’ajouter la constations d’un étrange paradoxe. Certes, les destructions (de véhicules et de bâtiments), n’ont pour principal effet que de rendre encore plus difficile la vie dans les quartiers populaires. Mais il faut remarquer que, si le gouvernement s’est aujourd’hui décidé à rendre, au moins en partie, les subventions de soutien aux banlieues qu’il avait supprimées, c’est bel et bien grâce au signal d’alarme qu’a été cette révolte.

Quoi que racontent des politiciens qui ont fait de la surenchère sécuritaire leur fonds de commerce, les révoltes de novembre furent une manifestation de colère sociale, sans plan prémédité, sans manitou manipulateur. Quel que soit le sentiment de rejet que provoquent chez beaucoup les formes prises par cette colère, sa légitimité est implicitement reconnue par la société, où l’on débat incessamment du « malaise des banlieues ». La répression est l’aveux de faiblesse d’une classe politique déboussolée, qui ne compte plus que sur la prison et la régression sociale (apprentissage à 14 ans et chasse aux immigrés) pour résoudre les aspects les plus brûlants de la question sociale. Nous pensons, nous, qu’un signal de solidarité doit être adressé aux cités, pour sortir de cette spirale d’une stigmatisation encore aggravée par la réactivation d’une loi coloniale et par le couvre-feu. Il faut sans tarder amnistier tous les condamnés des révoltes de novembre.

Premiers signataires : Gérard Delteil, écrivain, Maurice Rajfus, écrivain, Gilles Perrault, écrivain,Serge Quadruppani, écrivain et traducteur, Alain Dugrand, écrivain, Jimmy Gladiator, écrivain, retraité de l’éducation nationale, Michel Pialoux, sociologue, Laurence Proteau, sociologue, Odile Henry, sociologue, Fabienne Messica, journaliste, Maria Bianchini, professeur des écoles, Brigitte Larguèze, sociologue, Frédéric Goldbronn, cinéaste, Rémi Boyer, Fabrice Pascaud, Ody Saban artiste-peintre, Eric Benveniste, éditeur, Olivier Hobé, poète, Jean-PAUL Lajarrige, Jérôme Leroy, écrivain et professeur en ZEP depuis 16 ans, François Pinto, correcteur, Hervé Denes, traducteur, Jean-Pierre Masse, sociologue, Alain Pojolat, syndicaliste, François Muratet écrivain , Yves Coleman traducteur, Hervé Delouche, éditeur Sud-Education Paris

P.-S.

Pour signer : http://infos.samizdat.net/article371.html

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