Serge Quadruppani

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Une lettre à Ariane Chemin (et à ses inspirateurs)

lundi 7 juin 2004, par Serge Quadruppani


Ci-joint, copie du mail que j’ai envoyé à Ariane Chemin, auteur de l’article sur le bouquin de Fred V. : Madame Chemin, Absent de Paris pour longtemps, j’ai pris connaissance avec retard de votre recension du livre de Fred Vargas. Au détour d’une phrase, nous attribuez, à l’auteur, à Valerio Evangelisti et à moi une idée d’une rare stupidité : la nouvelle demande d’extradition qui vise Cesare Battisti serait due à "un complot fasciste de la justice italienne". Fred Vargas a choisi de ne pas répondre à une affirmation qui insulte ses qualités d’historienne. J’avais écrit une lettre de réponse où je vous exposais nos véritables positions, à Valerio et moi. Cela me conduisait à vous expliquer qu’il n’est nul besoin de nous attribuer une théorie du complot totalement étrangère à nos conceptions politiques pour comprendre qu’il y a derrière l’acharnement de certains contre Battisti un déni de mémoire. Ce déni, si bien expliqué par Nanni Ballestrini et Antonio Negri dans une récente tribune de Libération, ce déni, donc, est l’oeuvre d’importants faiseurs d’opinion mais aussi, et c’est le principal verrou de bloquage dans l’affaire, d’une bonne part de la gauche institutionnelle italienne et de ses héros magistrats. Mais me voilà reparti à vouloir m’expliquer, et comme m’a dit Valerio à propos de ma tentative de réponse, c’est un marteau pilon pour écraser une mouche et ça ne servirait qu’à élargir la mouche. (La mouche, ce n’est pas vous, évidemment, mais la petite trace que vous laissez autour de nos noms). Je voudrais seulement relever que vous seriez bien en peine de citer un seul propos de nous qui contiendrait l’ânerie que vous nous prêtez. Comme vous n’avez pas pris la peine de nous consulter là-dessus (or nous sommes l’un et l’autre joignables par mail et nos mails sont présents sur toutes les listes de discussion concernant l’affaire Battisti), je suis bien obligé de penser que vous êtes allée chercher vos informations nous concernant dans les échos déformés de débats internes au milieu des réfugiés italiens et des soutiens de Battisti dont vous invoquez in fine leur désapprobation à notre égard - et là, je suis assez impressionné par votre capacité à saisir l’opinion dominante d’un milieu sur lequel les données statistitiques et les études qualitatives manquent tout de même sérieusement. Cette tendance (certainement involontaire) à provoquer des débats biaisés, attiser des désaccords et des malentendus, je l’ai déjà vue à l’oeuvre, me concernant, dans une autre affaire, où mon gagne-pain, et, c’est plus grave, mon honneur, ont été gravemment compromis - en particulier, directement, par vous(1). Je vous serais reconnaissant de mieux vérifier vos sources - et si possible de me demander mon opinion - la prochaine fois que vous jugerez indispensable de parler de moi. Et même comme, à chaque fois que vous le faites, apparemment, pour des raisons qui m’échappent, vous falsifiez (involontairement, j’en suis sûr) profondément ce que je dis, le mieux, évidemement, serait que vous m’oubliiez. Je vous souhaite tout le bien possible. Serge Quadruppani (1)Pourquoi, à l’époque, est-ce que je ne n’ai pas attaqué mes diffamateurs devant les tribunaux ? Je vous renvoie, pour comprendre ce mystère, à l’excellent ouvrage de Persichetti et Scalzone sur la dérive justicialiste de la politique.

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