Serge Quadruppani

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Des Tarnac partout !

lundi 15 décembre 2008, par Serge Quadruppani

publié dans Siné Hebdo du 10/12/2008

Le village où Julien Coupat et ses amis (accusés sans preuve de sabotages de caténaires) faisaient pousser des carottes et tenaient une épicerie, se trouve à quelques kilomètres de Gentioux, où se dresse l’un des rares monuments aux morts de la guerre de 14 explicitement pacifiste. À côté d’une plaque proclamant : « maudite soit la guerre », la statue d’un petit paysan en sabots lève le poing. Chaque année, une manifestation pacifiste rassemble là plusieurs centaines de personnes. Tarnac est aussi sur les pentes du plateau des Millevaches, où Georges Guinguoin a créé l’un des tous premiers et plus importants maquis communistes, alors même que son parti en était encore au pacte germano-soviétique. Tarnac est encore à deux pas de Villedieu où, pendant la guerre d’Algérie, la population rameutée par son maire a bloqué les voies de chemin de fer pour empêcher le passage des convois de rappelés. Enfin, dans le cimetière de Tarnac, il n’y a pas beaucoup de croix…

Voici donc une terre où l’on a su résister aux bourrages de crâne patriotard, pétainiste, stalinien, colonialiste, religieux… Il n’est donc pas étonnant qu’on y résiste mieux qu’ailleurs au bourrage de crâne antiterroriste : c’est là qu’est né, rassemblant une bonne part de la population, le premier de ces comités de défense qui ont surgi ensuite de Rouen à New York, de Lausanne à Bruxelles. C’est de là que sont parties la plupart des analyses qui ont ensuite été développées par tant de plumes prestigieuses, pour démonter l’opération de terrorisation de l’opinion pilotée par Michèle Alliot-Marie.

Dans une France qui se prépare à envoyer les enfants de 12 ans en prison après avoir détecté dès la maternelle les perturbateurs, où les chiens policiers font irruption dans les classes (voir la lettre de Zoé et son papa en courrier des lecteurs), ou l’on découvre les conditions ignobles des gardes à vue seulement quand elles affectent un journaliste, nous avons décidément besoin que se répande l’esprit de Tarnac.


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